Chelles, sa richesse ornithologique

Contexte biogéographique

Situés sur un couloir de migration, entre les forêts de Compiègne à l’Ouest et de Retz au Sud, le long du ru de Vandy… jusqu’à l’Aisne, et sinuant le long de ses berges, le village de Chelles et le hameau de Bérogne sont dans une situation idéale pour tout amoureux de nature et notamment pour les amateurs des oiseaux.
Toute l'année est propice aux découvertes. L'été, bien sûr car le cadre verdoyant et la diversité des habitats le permet, l'automne, en raison, justement de cette particularité géographique qui nous permet de voir le passage des oies, des grues et de tous les oiseaux qui descendent de Scandinavie ou d'Europe du Nord. L'hiver est une saison intéressante puisque certains migrateurs font une halte et des petits oiseaux "originaux" font parfois le bonheur d'être observés dans les jardins. Et, enfin, bien sûr, le printemps avec le ravissement du retour de nos migrateurs qui viennent égayer le ciel et nos âmes de leurs sons mélodieux.
Nous pouvons retrouver des habitats aussi divers que la forêt, les prairies cultivées mais aussi quelques haies et les jardins aux nombreuses variétés horticoles… et à la quiétude précieuse à notre gent ailée.

Les espèces les plus connues de Chelles sont les moineaux domestiques, bien sûr ; un oiseau, qui au fil du temps a appris à vivre auprès des hommes… et qui ne saurait se passer de nous aujourd'hui. A l’instar des Pigeons de ville, d’ailleurs, que nous pouvons retrouver vers l’église de Chelles et qui nichent dans l’ancienne tourelle médiévale du XIIIème siècle.


La rigueur de la saison froide

Près des maisons, et notamment l’hiver, nous pouvons rencontrer des Accenteurs mouchets, méconnus en raison de leur livrée brune et de leur discrétion naturelle… mais aux jolis camaïeux gris et bruns, et les Mésanges (bleues et charbonnières) qui fréquentent sans doute les mangeoires des chanceux qui nourrissent nos amis ailés l’hiver. Parfois ce sont d’autres espèces de mésanges, les "huppées" plus inféodées aux arbres résineux ou encore les nonnettes qui, dans les arbres, auscultent minutieusement les branches. On peut également distinguer un Roitelet huppé qui se mêle facilement aux mésanges l’hiver et qui recherche les insectes cachés sous les écorces, à l'abri des affres de l'hiver.

On reconnaîtra également, bien sûr, les Rougegorges et les Troglodytes, hôtes d’hiver de nos tas de bois où ils trouvent pitance et refuge en la saison froide. Les Pinsons du Nord viennent également fréquenter nos contrées et tiennent compagnie aux Pinsons des arbres regroupés en bandes lâches pour subsister et lutter contre les prédateurs. Les Chardonnerets, les Verdiers, parfois rejoints par les Tarins des aulnes et le Bruant jaune viennent projeter des couleurs emplumées sur nos mangeoires, cherchant quelque graine pour subsister aux rigueurs hivernales.

Les Geais des chênes endossent à l’envi leur rôle de gardien de la forêt en alarmant lorsque nous nous promenons. Puis ils s’élancent bruyamment depuis les champs monochromes fréquentés par les Alouettes des champs et les Etourneaux sansonnets vers les forêts protectrices malgré leur feuillage absent.


Un souffle nouveau...

Mais le vent souffle des odeurs suaves, des lumières chatoyantes, un espoir renaît, les sons sont autant de chants d’enfants où l’innocence se mêle à la ferveur d’une promesse, celle des jours plus longs, des fleurs et de la vie. Est-il de clarté ou de saveur plus douce que l’espérance suscitée par le printemps ? Bientôt, les premiers rayons du soleil se font plus chaleureux, et le ciel balayé par les dernières bourrasques les plus fraîches laisse un bleu plus profond s’installer. Avec la douceur et les couleurs chamarrées des fleurs printanières, les premiers migrateurs reviennent : les Pouillots véloce et fitis, les Fauvettes des jardins et à tête noire refont leur apparition accompagnant la nature à s’éveiller de leurs chants mélodieux. Ils accompagnent les Merles noirs et les Grives musiciennes et draines qui donnaient leurs récitals depuis le dernier solstice. Ensemble, ils distillent des notes dignes de concerts symphoniques naturels. Ils nous invitent à prêter l’oreille pour redécouvrir ce magnifique monde sonore qui revient à la vie avec les beaux jours.

Puis ce sont les Hirondelles rustiques, et, de fenêtre qui glissent dans le ciel et nous entraînent dans des rêveries aussi douces que leur aisance à glisser dans les airs. Les Pipits des arbres lancent leurs chants dans leur vol singulier et tourbillonnant à l’orée des bois tandis que les Bergeronnettes printanières sautillent sur les chemins qu’elles barbouillent de traits jaunes de leurs passages furtifs.

... le retour du printemps

Les Rougequeues noirs, dont le chant évoque un bruit de papier froissé, ne peuvent passer inaperçus dans leur livrée jais et feu…

Le Rossignol philomèle lance son chant mélodieux du soir au matin, infatigablement, il nous fait grâce d’un des chants les plus beaux au monde, ici, tout simplement au bord de nos jardins. Son chant mélodieux inonde les nuits d’été d’une douce mélancolie bucolique.*

 


L'été, enfin...

Avec l’été qui, tout doucement s’installe, ce sont les Martinets noirs qui nous font démonstration de leurs vols puissants et de leurs capacités de vols plongés à plusieurs centaines de kilomètres par heure. Eux, nichent vraisemblablement en ville, mais ce sont les nombreux insectes de la campagne qui les attirent le temps d’une chasse… à l’évidence, pour nourrir leurs petits.

Moins connus, les Hypolaïs polyglottes à la livrée jaune et verte, peuvent – comme leur nom l’indique – imiter d’autres chants d’oiseaux, ils parcourent les arbres à la recherche d’insectes, pendant que les Grimpereaux des jardins et les Sitelles torchepot font de même pour chasser les insectes xylophages le long des troncs des plus grands arbres. On pourra alors, en observant les troncs des arbres, distinguer le minuscule Roitelet triple-bandeau.

et sa chaleur...

L’été s’écoulant, ce sont les nichées à couver, les petits à nourrir. Les soins, mais aussi l’émancipation des jeunes implique un repli sur soi, sur sa famille à protéger. Les enseignements à prodiguer pour se défendre des prédateurs ou comment trouver la nourriture induisent un silence concentré, dédié aux priorités vitales : l’été, à la différence du printemps est moins rempli de chants d’oiseaux.


L'automne et ses livrées chamarées

                Puis, le vent forcit. Pur, sauvage, impétueux, il s’engouffre sous les manteaux, hérisse les poils de notre nuque et nous invite à nous réfugier au coin du feu. Les migrateurs vont alors rejoindre leurs quartiers d’hiver. En quittant l’Europe, ces courageux voyageurs vont permettre que les individus qui restent l’hiver puissent avoir plus de nourriture. C'est l'arrivée des Verdiers en bandes et les Bouvreuils pivoines sont aussi plus hardis qu'à la belle saison.

                Les brouillards nimbent d‘une torpeur unique les nuits et les matins d’une humidité pénétrante, obsédante. Epais, impénétrables, le mystère qu’ils évoquent n’a d’égal que les formes qu’ils suscitent dans les clairs obscurs des forêts. Nous pouvons entendre les cris, les nuits, d’innombrables oiseaux qui descendent des contrées septentrionales de l’Europe pour rejoindre les pays proches des tropiques, plus cléments. Et le cycle des saisons, infatigable, inlassable, se referme ainsi que notre évocation des petits oiseaux de Chelles.